Native des Açores, Sara França, jeune styliste ayant terminé ses études il y a peu de temps, se lance aujourd’hui en tant que styliste freelancer. Elle nous parle d’elle et de sa vision de la mode dans un intime témoignage autour d’une tasse de thé dans un petit salon au coeur de Lisbonne.
Pourrais-tu te présenter, ainsi que ton parcours d’études ?
« Je suis Sarah França, designer de mode. J’ai commencé par étudier à l’école de Lisbonne pendant 3 ans et à partir de ce moment ont surgi diverses opportunités. Différents stages notamment. »
Pourquoi la mode ?
« J’ai vécu aux Açores pendant 17 ans, et je savais que là-bas il n’y avait pas vraiment quelque chose qui m’attirait en particulier, mais en même temps je ne savais pas bien encore ce que je voulais faire. Pendant mon adolescence, je participais à des défilés en tant que mannequin, j’ai défilé pour des créateurs portugais mais aussi internationaux.
Et ce qui me plaisait le plus n’était pas de jouer les mannequins, j’étais totalement fascinée par les vêtements. J’essayais de découvrir comment ils étaient fabriqués. À partir de ce moment-là, j’ai découvert une réelle passion. J’étais enchantée d’avoir Fashion TV à la maison (rires) et j’ai donc décidé de partir pour Lisbonne afin de découvrir de nouvelles opportunités. Deux ans plus tard, j’ai découvert l’école de mode de Lisbonne, et le simple fait d’être assise près d’une machine à coudre lors des premiers cours, j’ai tout de suite compris que j’avais trouvé ma voie. »
Quelles sont tes différentes expériences professionnelles ?
« Quand j’ai terminé mes études, j’ai eu l’opportunité de réaliser un stage dans une usine appelé « Diniz e Cruz», une usine de confection de marque propre de prêt-à-porter hommes et femmes. Je sourçais les matières premières et prenais des décisions quant aux choix de matières des futurs collections.
Après ce stage, j’ai obtenu une bourse Leonardo da Vinci pour effectuer un stage en Espagne durant 3 mois dans l’entreprise Fernando Claro à Seville, cet atelier fonctionne avec deux différentes lignes : une ligne haut-de-gamme pour dames ainsi qu’une ligne plus jeune, plus street avec des prix plus accessibles. Je travaillais d’ailleurs plutôt pour cette marque distribuée uniquement en ligne. Au début, j’étais plutôt responsable des shooting photos et du styling, puis peu à peu j’ai commencé à dessiner et à confectionner.
Ensuite je suis retournée au Portugal et j’ai obtenu une exceptionnelle opportunité : travailler pendant un an et demi avec « Os burgueses », une jeune marque de renom portugaise. J’ai travaillé en tant que stagiaire durant deux collections. J’ai participé à tous les niveaux depuis la recherche des tendances, recherche d’inspirations, les dessins, la confection de prototypes, jusqu’à la pièce finale qui était ensuite fabriquée dans des ateliers locaux. »
Pourrais-tu nous parler plus précisément de ton expérience et de ta collection en collaboration avec la marque Os burgueses ? Comment as-tu réussi à t’intégrer dans une équipe de deux créateurs travaillant main dans la main ?
« Effectivement ce n’est pas simple. Je ne sais pas comment j’ai fait, mais j’ai réussi. Tout s’est fait très rapidement, à ce moment-là, j’étais l’unique stagiaire et très vite s’est installée entre nous une grande complicité au niveau professionnel mais aussi personnel. Nous possédons la même vision de la mode. Nous avons réussi à très bien travailler ensemble.
Pour la dernière collection que nous avons travaillée ensemble, ils ont décidé de me dédier une partie de la collection en tant que «guest designer» et ainsi de me donner l’opportunité d’évoluer encore plus et surtout, de permettre de faire connaître mon nom.
C’est aujourd’hui un bagage énorme pour moi. Cette collection fut présentée à la Fashion Week de Lisbonne «Moda Lisboa» qui a d’ailleurs eu un énorme succès. »
Que fais-tu actuellement ?
« Aujourd’hui, je me dois de penser à la «Sarah toute seule» en tant que designer : que dois-je faire, quels messages dois-je faire passer au public à travers mon travail ?
J’ai un projet, mais j’aime travailler avec calme et raison. Je ne souhaite pas créer une marque avec des collections et tout cela, mais plutôt introduire un produit sur le marché. Un produit bien fait, avec le prix le plus accessible possible que tout le monde va vouloir. Voilà la base. »
Quelles sont tes principales inspirations dans tes travaux en général ?
« Je m’inspire énormément du cinéma et de la musique. Mon père et mon frère sont réalisateurs et depuis petite j’ai grandi avec le cinéma. Ce sont réellement mes principales inspirations depuis les grands classiques mais aussi des productions plus contemporaines.
Le designer que j’admire le plus, qui malheureusement aujourd’hui est arrêté, c’est John Galliano. Il a réellement, une histoire, un concept, il sait facilement transmettre des messages au public. Il arrive à créer des images, introduire des acteurs ou diverses performances au milieu des défilés. On assiste à bien plus qu’un défilé, et à ce moment là ça devient réellement un oeuvre d’art. Et c’est là où réellement j’aimerais arriver plus tard. »
Comment t’imagines-tu d’ici 10 ans ?
« Je m’imagine évidemment créant ma propre marque, mes propres collections. Ce serait une marque plutôt moyen/haut de gamme. Je m’imagine avec une ligne commerciale mais aussi une ligne beaucoup moins conventionnelle avec différents mélanges, différentes inspirations qui pourraient introduire du cinéma mais aussi de la danse. Une ligne qui pourrait vraiment transmettre mon concept lors des défilés. »
Propos recueillis par Sophia L.