Portrait : Kuki de Salvertes, attaché presse

Ce vendredi 14 mars, les élèves de Master 1 ont eu le privilège rencontrer Kuki de Salvertes, créateur du bureau de presse TOTEM qui contribue au lancement et à la notoriété de jeunes créateurs.

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Après une présentation chaleureuse par Maryline Bellieud-Vigouroux, Kuki de Salvertes livre avec sincérité et humilité son parcours.

Arrivé à Paris à 17 ans, il s’inscrit à Esmod où il se forme à l’histoire de la mode du 18ème au 20ème siècle. Il est très tôt stagiaire pour les créateurs émergeants qui marqueront les années 80 : Azzedine Alaïa, Jean-Paul Gaultier et Thierry Mugler. Il découvre alors les relations presse, rencontre les rédactrices de mode. Ces expériences le décideront à se lancer dans la communication. Après ses études, il intègre le bureau de presse de Yoji Yamamoto. Il est attiré par le décalage du créateur avec son époque : au glamour et à la féminité exacerbée il oppose rigueur et monochrome. Cette recherche de talents novateurs sera le leithmotiv de Kuki de Salvertes tout au long de sa carrière.

En 1983 il saisit l’opportunité de partir à Milan pour être l’attaché presse européen de Moschino, poste qu’il occupera durant 7 ans. Il rencontre au cours d’une soirée Vivienne Westwood qui vient de quitter Malcolm McLaren et a décidé de lancer sa marque. Séduit par son excentricité très anglaise, il démissionne pour la rejoindre. Il restera un an et demi à ses côtés. Les conditions de travail sont différentes de ce qu’il a connu jusque là. La styliste, entièrement consacrée à la création, manque d’argent. Cette expérience le décide à monter sa propre agence car “quitte à ne pas avoir de fric, autant que ce soit pour moi”, dit-il avec humour.

A son arrivée tous les créateurs installés sont déjà pris. Il cherche les nouveaux talents dans les écoles de mode et se donne pour mission de les lancer. Il rencontre Raf Simons dont il sera l’attaché presse pendant 15 ans, mais aussi Olivier Theyskens, Véronique Branquinho, Walter van Beirendonck. La liste est longue… Pour voir plus loin que l’Europe il voyage et rencontre Manish Arora en Inde qu’il parviendra à imposer malgré l’incrédulité de départ des rédactrices de mode.

Avec aujourd’hui plus de trente ans d’expérience, il possède désormais deux bureaux, le premier à Paris, le second à Londres. Mais Kuki de Salvertes refuse de parler de “carrière”. Sa motivation principale a toujours été la passion pour la mode et les créateurs. Le choix du métier d’attaché presse est aussi lié à une fascination pour les magazines et rédactrices de mode. C’est un véritable trio que forment créateur, attaché presse et rédactrice de mode dont les personnalités les plus influentes sont en général sorties des grandes écoles de mode. Une poignée de personnes qui durent dans le temps et imposent leur vision et leurs coups de cœur au monde vibrant de la mode.

Le rôle de l’attaché presse va bien au-delà de la mise en relation entre créateurs et rédactrices. Une sensibilité artistique est requise pour influencer les couturiers dans leurs choix et polir l’image de la marque. Ainsi Kuki de Salvertes organise les défilés de tous ses clients : choix des lieux, mannequins, silhouettes, musique, production, invitations; mais il influence aussi la base de la création : mise en avant un choix de couleurs, de matières à la pointe de la tendance. Un rôle de conseil légitimé par son expérience et son regard avisé sur l’évolution de la mode qu’il a toujours vécu au plus près.

Plus qu’un curriculum vitae étourdissant, Kuki de Salvertes nous a transmis son expérience de vie et sa philosophie qui consiste à se donner les moyens de faire de sa passion son métier. Un caractère épicurien menant une vie excitante et qui “ne [se] projète jamais plus loin que le weekend”.

Zita Tari M1

Portrait : Catherine Ormen, commissaire d’exposition

Au cours des mois de septembre et novembre 2013, les élèves de master 1 ont eu la chance de rencontrer Mme Catherine Ormen pour un cours introductif à l’histoire de la mode. Les silhouettes qui ont traversé les siècles sont analysées au regard de la société contemporaine du vêtement, des mœurs, de la place de la femme dans la hiérarchie sociale mais aussi de l’hygiène. A l’aide d’un diaporama d’images très fourni, Catherine Ormen montra aux élèves cette évolution, tout en leur communiquant sa passion de l’histoire et du vêtement.

Catherine Ormen

Catherine Ormen

TPO : Votre parcours atypique est une véritable inspiration. Pourriez-vous en tracer les grandes lignes ?

Après une année de Science Po – qui donne une bonne méthode de travail -, je me suis orientée vers ce que j’aimais : l’art et la mode. J’ai suivi les cours de l’Ecole du Louvre, y ai obtenu mon diplôme de muséologie et j’y au assis fait mon mémoire de recherche, mais parallèlement, j’ai suivi les cours du Studio Berçot (école de stylisme), ce qui m’a permis de travailler dans la mode auprès d’un créateur qui se lançait dans le prêt-à-porter de luxe et où il y avait tout à faire. Puis j’ai passé le concours de l’Ecole du Patrimoine lorsque cette école a été ouverte. C’est donc en tant que conservateur du patrimoine que j’ai eu la chance de débuter à Marseille où il y avait aussi tout à faire puisque la volonté de Maryline Bellieud-Vigouroux était de doter Marseille d’un musée de la Mode.
De fait, l’expérience a été très enrichissante pour moi car il s’agissait de former des collections et de présenter au public des expositions avant même que le musée soit ouvert sur la Canebière dans l’Espace Mode Méditerranée. La programmation était passionnante et l’animation du lieu le fut plus encore. Après les exposition Chanel qui avaient eu lieu au Château Borély puis au Bunkamura de Tokyo, après différentes autres manifestations telles que Madeleine Vionnet à la Vieille Charité, Erik Mortensen-Balmain au Palais Longchamp, c’est une exposition dédié à Yves Saint Laurent-Exotismes qui allait consacrer l’ouverture du musée… Il y eu eu bien d’autres après, dont ma préférée, une exposition “transversale”, intitulée “Corps drapés autour de la Méditerranée”. Et toutes ces expositions, bien entendu se complétaient de catalogues.
J’ai ensuite cédé la place à Olivier Saillard qui dirige maintenant le Palais Galliera à Paris, qui lui-même a laissé place à Sylvie Richoux. Aujourd’hui, c’est Nicolas Hatot qui dirige le musée de la Mode de Marseille.
L’expérience marseillaise a fait que j’ai pu intégrer les Arts Décoratifs à Paris, où je fus responsable du fonds mode XXe siècle et où la préparation de la réouverture du musée m’a fait mieux connaître la mode du XXe siècle. Car c’est un vrai bonheur que de pouvoir manipuler et étudier des pièces de Poiret, de Vionnet ou de grands couturiers aujourd’hui disparus… Comprendre comment est fait un vêtement, voir quelles en sont ses finitions, et pas seulement se contenter de regarder une belle image, est à mes yeux essentiel pour aborder l’histoire de la mode.
En 1998, je me suis éloignée des musées, mais pas de l’histoire de la mode : j’ai écrit des livres sur ce sujet tout en organisant, pour le Printemps notamment, des expositions pluridisciplinaires qui “surfaient” sur une tendance de la mode. Expositions événementielles qui m’ont sensibilisée à de nouvelles problématiques, telles que la communication et l’approche de publics nouveaux. J’ai aussi commencé à enseigner, ce qui est encore une autre forme de médiation de l’histoire de la mode – et pas la moins intéressante ! Et depuis quelques années, je note que la demande est en expansion ! L’histoire de la mode commence réellement à intéresser, et je ne peux que m’en réjouir : comment peut-on imaginer travailler dans le luxe ou dans la mode, sans avoir une connaissance minimale de l’histoire du domaine que l’on souhaite aborder ?
TPOComment avez-vous été amenée à participer à la formation des Métiers de la Mode et du textile ?
J’ai toujours suivi avec beaucoup d’attention les évolutions de l’Espace Mode Méditerranée, devenu aujourd’hui la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode. Et comme j’aime beaucoup transmettre et aider à la découverte de l’histoire de la mode, mais plus généralement encore de l’histoire du goût – et donc aussi de l’histoire de la société – , j’ai répondu à la demande qui m’a été faite…
TPOPour les élèves, vos cours sont très intéressants et très denses puisque vous retracez l’histoire du vêtement en France en seulement 24h (si mes souvenirs sont bons). L’expérience est presque un challenge, quelles ont été vos impressions une fois les cours terminés ?
Je vous remercie pour votre appréciation qui me réjouit. Il s’agit en fait de 20 heures de cours réparties sur 4 journées. 20 heures pendant lesquelles je parle beaucoup et c’est épuisant ! Je montre aussi beaucoup d’images. Il s’agit en fait, pendant ces 20 heures, de souligner les évolutions de la silhouette et d’en expliquer les métamorphoses successives. Etape par étape, il s’agit aussi de situer la mode dans un contexte plus large… Ce cours est un squelette, une trame pour utiliser une métaphore textile, qui doit permettre de mémoriser une chronologie, et à partir des références que je donne tout au long du cours, d’approfondir telle ou telle partie… Ces cours ne sont donc qu’une introduction, et j’espère, une clé, qui permettra de mieux comprendre les références qui sont celles de la mode contemporaine. Et il me semble aussi que c’est une base indispensable pour ceux qui se destinent à la création car, généralement, la mode ré-invente plus qu’elle n’invente !
Interview par Zita Tari

Espace Mode Méditerranée

Cela fait depuis Juillet 2013 que la MMMM (Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode) s’est installée dans ses nouveaux locaux : l’Espace Mode Méditerranée. En plein cœur du quartier économique et culturel d’Euroméditerranée, l’Espace est situé à deux pas du FRAC, du MuCEM et des Terrasses du Port dans le 2ème arrondissement de Marseille.

 

C’est une plateforme de 1000 m² qui accueille une formation publique et privée : on y retrouve un département de l’école de stylisme IICC Mode, ainsi que les Master 1 & 2 des Métiers de la Mode et du Textile (c’est nous!!). Mais l’espace n’est pas uniquement dédié à la formation : la MMMM y a aussi ses bureaux, consacrés au développement économique des jeunes entreprises de mode.

On vous laisse faire une petite visite guidée…

 L’Espace Mode Méditerranée a été inauguré le 9 Octobre 2013.

Merci à vous tous de nous suivre!!!

 

Master 1-2-IICC Mode - 2